Le Programme interdisciplinaire USPC « La Personne en médecine » et l’Espace de recherche et d’information sur la greffe hépatique de l’Hôpital Beaujon, en partenariat avec les Hôpitaux Paris Nord et la Chaire « Philosophie à l’hôpital » (AP-HP) vous invitent à la première séance du séminaire « Philosophie de la maladie chronique »
qui aura lieu le vendredi 14 octobre 2016 à l’Hôpital Beaujon.
Nous aurons le plaisir d’entendre Cynthia Fleury (Chaire Philosophie à l’hôpital, Hôtel Dieu) et Frédéric Worms (ENS).
Ce séminaire est ouvert à tous les professionnels de santé (médicaux et para-médicaux), aux étudiants et aux administratifs.
Il a lieu un vendredi tous les deux mois de 14h à 15h30, alternativement sur les sites Beaujon et Bichat. Les salles seront précisées pour chaque séance.
N’hésitez pas à diffuser dans vos réseaux et à toute personne intéressée.
Informations : lapersonneenmedecine.uspc.fr
ariane.brehier@univ-paris-diderot.fr
Programme :
– Vendredi 14 octobre, Beaujon, Séance 1 : « Introduction : médecine et philosophie », Cynthia Fleury (Philosophe, Hôtel Dieu) & Fréderic Worms (Pr. de philosophie, ENS).
– Vendredi 18 novembre, Bichat, Séance 2 : « La maladie chronique : des besoins au soin », Céline Lefève (MCF philosophie, Centre Canguilhem/SPHERE, resp. Programme interdisciplinaire USPC La Personne en médecine, Université Paris Diderot)
– Vendredi 20 janvier, Beaujon, Séance 3 : « Maladie et soins, enjeux de justice et enjeux politiques », Daniel Weinstock (Pr de philosophie, IHSP Université Mc Gill) & Valérie Gateau (Espace de recherche et d’information sur la greffe hépatique, Hôpital Beaujon/Programme interdisciplinaire USPC La Personne en médecine)
– Vendredi 3 mars, Bichat, Séance 4 : « Maladies chroniques : pour une médecine de la personne », Gérard Reach (Pr émérite de diabétologie, Université Paris 13)
– Vendredi 28 avril, Beaujon, Séance 5 : « Maladie chronique et greffe d’organes », Christian Baudelot (Pr émérite de sociologie, ENS) & Philippe Steiner (Pr de sociologie, Université Paris 4)
– Vendredi 12 mai, Bichat, Séance 6 : « La médecine fondée sur les valeurs », Bill Fulford (Philosophe et psychiatre, University of Oxford) (séance à confirmer)
– Vendredi 30 juin, Beaujon, Séance 7 : « Maladies chroniques de l’enfance », Karl-Léo Schwering (Pr de psychopathologie, Université Paris 13)
Avec les progrès médicaux et l’allongement de la durée de la vie, les maladies chroniques voient s’élargir leurs contours. Elles renvoient désormais à certaines pathologies qui en sont comme les figures historiques (diabète, insuffisance rénale, troubles mentaux) mais aussi à de nouvelles allures de vie liées à un traitement médical (greffe, après cancer) ou encore à des maladies rares autrefois létales. Au-delà de ces nouvelles définitions épistémologiques, le terme de « maladie chronique » continue d’être traversé par des sens différents selon que l’on adopte le point de vue du médecin, qui peut parfois s’arrêter à l’évolution des symptômes et des traitements, ou que l’on adopte celui de la personne malade qui ne se réduit pas à son statut de patient et dont la vie excède la médicalisation de sa maladie.
Ainsi les maladies chroniques font voir à ceux qu’elles affectent et à ceux qui les soignent la vie sous un autre jour, dans ses dimensions tant existentielles et sociales que corporelles et psychiques. « Vivre avec une maladie chronique » – selon l’expression désormais consacrée et dont il faut peut-être mesurer l’euphémisation – consiste dans la recherche précaire d’une norme de vie qui concilie vulnérabilité et autonomie, et dans la négociation permanente entre des mondes et des rôles sociaux différents, entre les exigences de la vie ordinaire (familiale, sociale, etc.) et les contraintes imposées par la maladie et la médecine. Ces maladies signifient également la reconfiguration voire l’émergence de nouveaux rapports à soi et au temps. Elles sont à l’origine de sentiments et de savoirs, d’expériences et de pratiques très divers selon les individus et selon les moments de la maladie.
Enfin, elles nécessitent des prises en charge impliquant la mise en réseau de nombreux professionnels médicaux, para-médicaux et médico-sociaux, à l’hôpital et en ville. Elles requièrent par conséquent de repérer les besoins, expériences et pratiques qui leur sont spécifiques, ainsi que la façon dont elles reformulent la réflexion éthique (axiologique et normative) sur la médecine et la maladie. L’enjeu est d’adapter au mieux le soin médical à ces situations, dans une démarche attentive aux contraintes, valeurs et normes de l’ensemble des acteurs.